(Lalande de Pomerol) - Bordeaux - Paris

Publié le par famille barbey

LA GENESE
L'histoire a commencé cet hiver quand Lionel cherchait un binôme pour se lancer dans la course Bordeaux-Paris qui renaissait de ses cendres après 35 ans d'interruption. Le principe était simple, chacun des membres de la paire faisait la moitié du parcours avec le relais dans le village de Martizay.
Assez naturellement, ayant l’habitude de bosser tard dans la soirée, j’ai opté pour le second relais.
Puis au début du printemps Jérôme Aguirre, un ami vigneron à Lalande de Pomerol (Chateau Haut Musset) en visite à Paris et apprenant que j’allais descendre à Bordeaux nous a invité à passer la nuit chez lui.

 

 

L’ENTRAINEMENT
Lionel nous a préparé un plan d’entrainement aux petits oignons avec une augmentation progressive de la charge de travail et nous nous y sommes astreints, ce qui nous a fait aussi de bons souvenirs : un 200 audax ou nous avons fini dans Paris en se faufilant entre les voitures comme les coursiers New-Yorkais, un 200 kms avec Christiano et Vincent (également inscrit sur Bordeaux-Paris Rando, c’est à dire que lui se fait seul les 620 kms accompagné de Philippe, un autre copain du club) avec un arrêt à Cherisy et un pantagruelesque casse dalle dans 3/4 de baguette et un parcours tracé par Narbé aux petits oignons, avec des tronçons charmants. (video ici, n'oubliez pas de règler en HD pour profiter de la qualité GoPro).
Pour moi cet entrainement aurait du se terminer par un Noisy-Chartres-Noisy à bonne allure, mais suite à un barotraumatisme lors d’un exercice de secours en plongée, il s’est arrêté net.

J-1
Vendredi matin on fait la route, tranquilles. Arrivée à Bordeaux, on retire les dossards. Enfin le dossard, car l’organisation n’a prévu qu’un seul jeu bien que nous soyons inscrits en relais. Une paire de manchettes floquée à l’évènement, de très bon gout, accompagne l’ensemble.

 

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Puis on part en direction de Lalande pour rejoindre Jérôme qui nous donne RV sur une exploitation de Saint Emilion dont il s’occupe en plus de Haut Musset.
On revient à Haut Musset pour une visite puis on passe à table. Soirée sympathique et chaleureuse, Véro et sa maman ont préparé le repas en fonction du périple du lendemain sans rien lâcher au niveau gastronomique.
On boit, on mange, on rit, on est bien.
La sagesse aurait surement voulu que l’on boive un peu moins, que l’on se couche plus tôt, mais les petits moments de bonheur comme cela sont si fugaces qu’il faut en profiter pleinement.

 

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LE RELAIS DE YOYO
On quitte Lalande pour Bordeaux. Ca commence déjà à s’échauffer sur le quai (s’echauffer avant 620 bornes, ça c’est sérieux !). Yoyo se glisse dans le sas et fait des sympathies avec un groupe de jeune belges avec qui il va rouler.

 

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Je laisserai le soin à Lionel de conter son relais qui fut dense, mais ce que je peux d’ores et déjà dire, c’est qu’il fut rapide car à 23h20 il arrivait à Martizay. 310 bornes en 13h20 ravito inclus : Bravo Yoyo !

 

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LE SECOND RELAIS
A l’hotel j’attend le coup de fil de Yoyo qui va me donner le start pour me préparer et rejoindre Martizay éloigné de 15 kms. Ca y est, Yoyo appelle ! 20 mn plus tard je suis sur site à l’attendre.
Pendant ce temps, nous avons pu suivre le périple de Vincent et Philippe qui tweete à chaque ravito, et c’est très instructif pour aborder notre course.
Petit passage de relais avec échange d’infos : moi sur l’hotel et Lionel sur la façon d’aborder la course, puis à 00h00 je pars.
Pas de groupe prêt à partir, je piaffe d’impatience, je décide de commencer seul en projetant de trouver un groupe sur le chemin. Je fais une heure seul, en appréciant la situation de cette nuit sans lune. Je respire et sens les odeurs de la campagne, je vois des petits lapins, j’entends toute une palette de bruits de la nature. Puis en me retournant je vois un » train illuminé » ! C’est en fait un gros peloton d’une trentaine de cyclos, chacun avec un ou deux feux devant, suivi par une camionnette qui leur éclaire la route. C’est impressionnant. Je prend ma place dans la tête du groupe qui est conduit par un espagnol qui le régule avec maestria.
Je prend quelques relais, puis en pensant aux conseils de Lionel, je me laisse glisser en queue de peloton et je vais ratonner jusqu’à 10 kms de Romorantin où je dois stopper pour réparer une crevaison (à l’avant heureusement car de nuit c’est un peu plus long). J’arrive à Romorantin après le groupe avec pas loin de 26,6 de moyenne au compteur en temps effectif de roulage.
Je crains d’avoir froid, je ne m’arrête donc pas longtemps et je repars. Je me laisse trainer au gré des groupes que je rencontre. Puis à 30 kms de Saint Laurent des Bois, lieu du second ravito, je me trouve embarqué dans un groupe de 5 jeunes qui roulent fort. On prend des relais 2 par 2 et ça « pique ».
Chaque fois que c’est mon tour, au bord de ma limite, j’ai des nausées et je crains à chaque fois « d’honorer » la devise de l’Anaerobia : Veni, Vidi, Vomiti.

 

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Heureusement à 34-36 de moyenne on arrive vite au ravitaillement. Je préviens les gars que je ne pourrais pas repartir avec eux, ils sont largement au dessus de mes capacités.
Je me restaure et me prépare pour repartir car avec l’humidité de la nuit, je commence à avoir sérieusement froid, et le thé pris au ravito n’a pas beaucoup fait disparaitre cette désagréable sensation.

LA BEAUCE
Le road book le spécifiait : « il serait suicidaire de tenter de traverser seul la Beauce ».

Mais bon, j’ai froid, alors j’y vais en comptant sur les rencontres que je vais faire. Un jeune triathlète avec qui j’avais roulé un peu entre Romorantin et Saint Laurent m’accompagne. Le jour s’est levé.
On prend nos relais durant une petite dizaine de km jusqu’au moment ou mon compagnon (qui fait le parcours total) me dit qu’il est un peu rincé et que relayer lui coute énormément. Pas de soucis, j’ai confiance, on va trouver du monde. Mais les deux premiers cyclos trouvés sont en perdition, projettent d’abandonner et ne sont donc pas disposés à rouler avec nous. Je continue devant avec un vent de face qui forcit au fur et à mesure que le soleil s’élève sur l’horizon. C’est dur d’accrocher un 25 de moyenne et de s’y tenir.
On rallie une paire de cyclos et on commence à rouler ensemble, mais un seul de ces deux gars prend sa part de boulot. A deux c’est déjà mieux que seul, mais ce n’est quand même pas l’idéal sur le terrain où nous sommes. Je brusque un peu le second gars qui est habillé avec une tenue Paris-Nice « hé l’ami, quand t’as fait Paris-Nice t’as ratonné pendant les 900 bornes ? ». Mais rien n’y fait et du coup l’ambiance s’est dégradée. Je décide de partir avec le jeune triathlète. Au bout de 50 kms il reprend du poil de la bête et me soulage un peu. Pour sur, j’ai laisser des forces dans la phase précédente !
On récupère un groupe dont un tandem de Croissy à qui je vais filer le train en me remémorant l’initiation que Lionel m’avait dispensée lors de mon premier Versailles-Chambord. J’arrive à Auneau, dernier ravito, dans un pullman, mais la moyenne à chuté et la traversée de la Beauce s’est faite à 24,4 de moyenne.
Il est 10h30, cela fait autant de temps que je roule, La Beauce a sérieusement entamé mon moral, mais il reste moins de 60 kms et je réattaque après une pause.

La Beauce ce fut des lignes droites qui n’en finissent pas, des champs de céréales à droite, des champs de céréales à gauche, pas une haie, pas un petit bout de forêt, plat comme la main (heureusement !) et long comme un jour sans pain. Rajoutez y le vent de face pendant 90 bornes et voilà le topo !

 

Quelque part avant Ablis

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LE FINAL
Bref, c’est avec la ferme idée d’en terminer que je quitte Auneau. Un japonais me file le train depuis 4 bornes. Je m’écarte à droite pour qu’il prenne un relais, mais rien. Je me rappelle qu’au Japon on roule à gauche, alors je m’écarte par la gauche, mais toujours rien. Le gars veux juste me sucer la roue. J’ai déjà donné l’ami, et là j’ai besoin de coopération, alors en passant le pont d’autoroute j’accélère et le laisse derrière. Non mais, et la solidarité alors !
A Ablis je suis rejoint par une jeune mec qui me propose rouler ensemble. Bien qu’ayant pris connaissance de mon lamentable état de forme il insiste et nous roulons ensemble jusqu’à 10 kms avant Clairefontaine. Arrêt « technique ». Le japonais en profite pour nous rejoindre et me dit : « c’est pas gentil d’accélérer pour me larguer ». Je lui répond que c’est surtout pas gentil de ne pas prendre sa part de boulot quand c’est proposé. Tout ça en se marrant tous les trois car finalement on est dans la même galère et la solidarité doit primer.
On repart à 3. Mais le passage à vide qui me guettait depuis Auneau arrive. Je décroche inexorablement et la cote de Clairefontaine, (surtout les deux premiers virages), en finit avec mon énergie. J’ai laisser beaucoup de jus dans la Beauce.
La Vallée de Chevreuse va se faire dans la souffrance  sans jamais dépasser 22 km/h.
Les gars me passent et je reste inerte, tanqué sur ma faible vitesse.
Les 17 tournants m’apparaissent comme une délivrance car en haut je sais qu’il ne me reste plus que 15 bornes, et finalement, étonné quant aux laborieux derniers kms que viens de passer, je les monte assez aisément (enfin, c’est très relatif !).
Sentant l’écurie, la longue ligne droite de la ZI de Trappes va être avalée à plus de 28 tout du long (mais d’ou vient ce sursaut alors qu’il y a une demi-heure j’étais à l’agonie) et idem pour la traversée de Saint Quentin jusqu’au vélodrome où tous les carrefours sont sécurisés et qu’il n’est pas besoin de s’arrêter aux feux. Enfin, un dernier virage et l’arche de l’arrivée, au sprint.

 

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Philippe est là pour m’accueillir et me cornaque pour la remise de maillot et le repas qui se passe à l’intérieur du vélodrome. Lionel nous rejoint rapidement.

Voila. D’après mon Garmin, j’ai 309,95 kms de samedi 0h00 à dimanche 13h10. 12h22 de roulage, Vitesse moyenne roulante de 25 km/h. 1665 m de D+, 12257 calories dépensées, fréquence de pédalage moyenne à 81 tours/mn.
Tout cela avec moins de 280 kms d’entrainement en mai pour cause d’accident de plongée. En sport, faudrait pas courir trop de lièvre à la fois…

 

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Notre paire fait l’ensemble du parcours en 27h09, soit une moyenne officielle de 22,76 km/h en incluant les temps de pause aux ravitaillements.

Une sacré expérience. Mais je voudrais surtout tirer mon chapeau à Vincent et Philippe qui ont fait la totalité, les 620 kms, c’est un véritable exploit, car en arrivant à Saint Quentin j’aurais été incapable d’en faire 50 de plus, alors quant à en rajouter 300 comme eux … Bravo les gars !

 

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G
Message de madame : il devait avoir bien mal au cul après 11h sur le vélo ...
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G
Tout ça de nuit ?
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F
<br /> <br /> Oui, et c'est cela qui fait de cette course une expérience étonnante.<br /> <br /> <br /> On le refait ensemble l'année prochaine si tu veux. Ca te ferait un bon objectif.<br /> <br /> // 404 Not Found<br /> <br /> 404 Not Found<br /> nginx<br /> <br /> <br /> ]]><br /> <br /> <br /> <br />
O
Bravo Eric ! En plus d'avoir un joli coup de pédale tu as une jolie plume. J'ai pris beaucoup de plaisir à lire vos exploits et je suis très admiratif. Quant à la perf de Vincent et Philippe alors<br /> là ça me laisse sans voix !
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